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Je vous annonçais il y a quelques jours sur facebook que mon bégaiement allait être mis à l'épreuve. Voici donc ce qu'il s'est passé : 

Je bosse sur un site industriel. Je suis dans une salle de contrôle et s'il y a un problème important, c'est moi que l'on prévient.

Je dois ensuite analyser la situation, si necessaire prévenir les secours, déclencher l'évacuation ... bref le Grand Chambardement.

L'autre jour on m'annonce qu'il y allait y avoir un exercice.

J'étais fatigué, la tête bien remplie ... J'étais dans une période où la parole accroche facilement. J'avais vraiment pas envie de mettre mon bégaiement à l'épreuve.  Je me suis dit que de toute manière je ne pourrai pas échapper à la situation, qu'elle allait se produire dans quelques minutes ou dans quelques heures. J'ai évité de laisser la pression monter. J'ai relu la procédure, me suis noté quelques mots pour me rassurer puis j'ai attendu.

Plus exactement, j'ai fait mon travail comme si de rien n'était et comme si je n'avais pas d'épée de Damoclès au dessus de la tête. Le téléphone a sonné plusieurs fois et j'ai profité de chaque situation de communication pour me prouver que je pouvais communiquer. 

Finalement l'exercice n'a pas eu lieu pendant mon poste. J'ai pu me rendre compte qu'une trop grande anticipation, appréhension aurait vraiment été inutile.  Et puis, ça m'a remis dans le bain et permis de me préparer si jamais la situation devait se produire.

De toute manière, je sais d'expérience que le coup d'adrénaline qui est donnée dans une situation d'urgence occulte quasi complètement mon bégaiement. Et ça, c'est vraiment une bonne chose.

Fin de l'article ?  Pas tout à fait ...

 

 Hier, dès ma prise de poste à 14h00, on m'a annoncé que des caméramens allaient venir me voir.

 J'étais toujours dans la fatigue, la tête bien occupée et dans la non envie de mettre mon bégaiement à l'épreuve. Mais vous le savez, j'aime les défis.

 On est donc venu m'expliquer que le petit film de l'entreprise allait être refait. C'est un film de quelques minutes pour présenter les activités de l'entreprise et notamment les consignes de sécurité. Il est destiné aux visiteurs, à ceux qui découvrent l'entreprise.

Mon rôle dans tout ça était de me mettre dans une situation d'urgence. On allait m'appeller, me dire qu'il y avait un départ de feu à un endroit de l'usine. Je devais recueillir les informations et ensuite lancer l'évacuation.

Cette fois-ci, pas moyen d'y couper.

Pendant que l'équipe installait micros et caméras, je me suis noté quelques petites phrases. Vous avez remarqué, j'aime bien me noter les choses. Ça me rassure.

Ensuite, j'ai demandé par talkie à mon collègue s'il était prêt et de m'appeller. Autant le faire de suite.  C'est comme un saut à l'élastique, plus on attend, plus on a peur et moins on a envie de sauter. Il faut réflechir le minimum et se lancer.

Je n'ai pas cherché à éviter de bégayer. D'ailleurs j'avais trop de fatigue pour ne pas bégayer. Il aurait été inutile de chercher à ne pas bégayer. L'effet aurait été inverse.

 La première prise était bien. Je n'ai presque pas bégayé. Sauf que ... la caméra était mal placée. Il a fallu la refaire et forcément j'ai davantage bégayer. Pas d'importance. Je n'ai pas senti les personnes gênées. Peut etre se sont-elles dit que c'était dû au stress de la caméra.

Une fois la prise bonne, on est passé à la partie sérieuse.

J'ai prévenu sur trois canaux de radio et sur un micro qui diffuse sur tout le centre (une centaine de personne à l'écoute) qu'une annonce allait être faite, que c'était juste une simulation et qu'il ne fallait en aucun cas évacuer le centre.

Là aussi j'ai accroché sur pleins de mots. Arrivé en milieu de phrase, obligé de recommencer sinon j'étais dans un blocage. Si j'avais cherché à ce que mon bégaiement passe inaperçu, ça aurait été complétement raté. Mais ce n'était ici pas le cas. Je vais même vous dire, j'étais à la limite de faire du bégaiement volontaire.

J'ai à nouveau lancé un message mais cette fois-ci quand la caméra tournait.  

"Salle de contrôle à l'ensemble du personnel, évacuation immediate du site. Incendie en zone ... Rendez vous au point de rassemblement ...

Salle de contrôle, évacuation immédiate du site ..... "

Une chose est sûre, j'ai bégayé. L'équipe ne m'a pas demandé de refaire la prise. Ils avaient l'air satisfait. 

Après tout l'annonce a été faite. Le message a été passé. Et qui sait, peut etre que le fait de bégayer attirerait davantage l'attention de l'auditeur ?

Peut-être que je m'imagine avoir beaucoup plus bégayé qu'en réalité mais je ne pense pas. C'était vraiment un bégaiement comme je peux en sortir dans les mauvais moments.

Je n'ai pas ressenti de honte ou de gêne. Je suis même quelque part fier d'avoir bégayé. Ça me fait bizarre de voir apparaitre ces mots alors que je tape cet article. Ça me rapelle une réflexion que je me faisais lors d'un précédent article où je regrettais que l'on ne voit pas de personnes bégayer à la télé. Sur ce petit film on ne verra pas une personne bègue avoir une parole fluide mais une personne qui bégaye. Et ça, quelque part ça me fait plaisir. Une impression d'authenticité, tout simplement.

Promis dès que j'ai une vidéo, je la mets en ligne sur le site. Complice

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Invité - Combot Xavier
je suis bègue pas empêché de faire des sketches et de faire de la scène du théâtre
Invité - Shanyss
Bonjour,

La nouvelle version est super bien bravo ! Je suis un peu en retard je vous l'accorde m...
Le monde professionnel doit effectivement porter attention à la personne bègue en l'acceptant comme ...