Retour en arrière de quelques années. A l'époque je m'apprêtais à passer le bac et l'oral était une chose que j'évitais soigneusement depuis des années. Je voyais les oraux comme un mauvais moment à passer, un peu comme quand on va se faire arracher une dent. Sur les conseils précieux de ma mère (Merci maman ), afin de me préparer, j'ai suivi quelques séances d'orthophonie. Cette thérapeute n'était pas spécialisée dans le bégaiement (je m'en aperçois vraiment avec le recul). Mais je faisais quelque chose pour ces oraux, pour les tenter et faire que ça se passe pour le mieux. Et ça c'était déjà quelque chose de sacrément important. Je commençais à sortir de l'acceptation de me prendre une tôle.
Je me suis donc présenté à plusieurs oraux. Oral de Latin et d'Espagnol. Je n'ai pas usé de tiers temps. Personne ne m'avait dit que j'y avait droit, que j'avais cette possibilité. Cela aurait-il changé quelque chose ? Je ne sais pas mais j'aurais voulu avoir le choix.
J'avais une lettre que m'avait donné mon orthophoniste à remettre aux examinateurs. Je ne sais plus ce qu'elle disait exactement mais le fait important est que cette lettre est restée dans ma poche. Comme bien souvent, je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour là.
J'ai demandé 5 minutes avant de commencer. Je tenais à dire quelque chose. Examinatrice un peu suspicieuse. Elle devait sans doute penser que j'allais sortir une excuse pour ne pas avoir réviser. Quand j'ai expliqué que je bégayais, que j'allais mettre du temps, je me souviens très bien avoir vu son regard changer. Il est devenu compréhensif et mon stress a nettement diminué. Comme bien souvent parler de son bégaiement, rassure son interlocuteur. Il peut mettre un mot sur ce qu'il se passe devant lui.
Je me souviens de l'oral d'Espagnol où je devais expliquer un texte et où ensuite la conversation s'est poursuivi sur ce que j'aimais faire dans la vie. On s'est trouvé des goûts en commun ... tout ça en Espagnol. Tout s'est fait naturellement et j'ai halluciné. Durant toutes mes années de collège et de lycée, je ne parlais quasiment jamais en cours, on évitait de m'interroger et là je parlais tranquillement en Espagnol. Je pense aussi que le fait d'assumer ce bégaiement (chose qui n'est pas facile) a du jouer et donner une bonne impression aux examinatrices.
Une chose que j'ai remarqué c'est que bien trop souvent on se pense incapable de faire une chose et finalement quand on se lance, quand on nous donne une chance de nous lancer, on se surprend à pouvoir.
Pour passer ces oraux, l'orthophonie m'a aidé il n'y a pas de doute. Mais bien plus que cela c'est le fait de m'être lancé, d'avoir fait ce pas en avant qui m'a fait prendre confiance en moi et m'a permis d'encore plus avancer par la suite.
Mes notes ?
16 en Latin et 18 en Espagnol.
Si on m'avait dit ça un jour ...
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