L'une de mes grandes angoisses en tant que bègue était d'être totalement impuissant si je me trouvais face à un accident, un incendie et que je devais donner l'alerte. Dans ces cas là il faut vite parler et donner des informations claires. Pas le temps de bégayer. Si une telle situation devait arriver, j'étais mal parti. Bonjour la galère.
J'allais quand même pas appeler les pompiers et leur chanter ce que j'avais à leur dire sur cet air là :
Au feu, les pompiers,
Y a la maison qui brûle !
Au feu, les pompiers,
V'là la maison brûlée !
C'est pas moi qui l'ai brûlée,
C'est la cuisinière,
C'est pas moi qui l'ai brûlée,
C'est le cuisinier.
Au feu, les pompiers,
Y a la maison qui brûle !
Au feu, les pompiers,
V'là la maison brûlée !
En 2006, j'ai eu une période à vide et comme souvent dans ces cas là, j'en profite pour rebondir et avancer.
Si je ne pouvais donner l'alerte, je pouvais peut-être faire autre chose. J'ai donc décidé de passer l'AFPS.
C'est une formation pour apprendre à donner les premiers secours. J'ai passé une journée complète lors du Téléthon 2006 à apprendre comment arrêter des saignements, comment masser un coeur, faire du bouche à bouche etc ..
On était une trentaine de personnes. Pour commencer ... un tour de table pour savoir ce que chacun attendait de la formation. Ça commençait mal. A peine arrivé, il allait falloir que je parle. De mon souvenir c'est la première fois que je fis ce qui suit (enfin dans un contexte comme celui là). Quand mon tour fût arrivé, j'ai dit à tout le monde que j'étais bègue, que j'allais accrocher sur ce que j'allais dire, donc que c'était normal. J'ai parlé quelques minutes puis la parole est passée à une autre personne. Je n'ai pas eu de retour par rapport à ce que j'avais dit, pas de personne qui soit venu me voir pour me dire que c'était courageux d'avoir pris la parole en public. Je ne cherchais pas le compliment mais je ne peux m'empecher de penser que pour un autre handicap, les personnes auraient vraiment réalisé l'effort demandé et la réaction aurait été autre. Je referme la parenthèse.
Le reste de la journée s'est très bien passé. Il y a eu des jeux de rôle. Je me suis laché, et j'ai même fait rire les autres participants. Je ne sais pas si j'aurais un jour à me servir de ce que j'ai appris. Ce qui est certain, c'est que si cela devait arriver je serais prêt. Du coup j'appréhende beaucoup moins de devoir appeler les secours.
Commentaires